Retour à Santiago

A la casa, Armoni, qui a une carte Sim cubaine et n'est pas limitée avec Internet, me fait un point coronavirus. Elle est infirmière à Neuchâtel, et ne pense qu'à rentrer reprendre son boulot, où ses collègues sont très mobilisés. Le lendemain, pendant qu'elle va organiser son retour anticipé à la Havane, je vais visiter le petit musée archéologique Cacique Hatuey de Baracoa.

Fanion de l'association du musée

C'est minuscule, (on n'en parle même pas dans le routard), et je suis vraiment contente de l'avoir déniché dans une rue voisine de ma casa, au 1er étage de ce qui pourrait être une maison particulière, et ça tient dans 2 petites pièces. Je suis accueillie par un étudiant en archéologie, puis par son prof qui est responsable du musée et aussi à l'initiative de l'association qui gère ce musée. 

En espagnol (mais je commence à comprendre de mieux en mieux), il m'explique toutes les vitrines, du paléolithique à l'époque des Taïnos, puis sur la conquête espagnole. Cette petite chouette est devenu l'emblème de l'association. Pour les indiens Taïnos, elle est le double symbole de la mort et de la vie (voir le dessin stylisé sous le nez/bec de la chouette qui évoque l'organe génital féminin). Et... surprise, quand on tient la chouette en position inversée,  ça devient une grenouille  (symbole d'autre chose...que j'ai oublié ). Comme il voit que je suis très intéressée, ... il me fait cadeau d'une reproduction en terre cuite de cette statuette.

Mon cadeau

La chouette et la grenouille

 

Plusieurs enseignes maçoniques m'ont intriguée

Les Taïnos ont été persécutés férocement  par les Espagnols, beaucoup sont devenus dépressifs et se sont suicidés (en se jetant du haut de la falaise dans le fleuve Yumuri, en criant Yu muri = je meurs).
Une vitrine est dédiée à un Français, Patrick Tesseron, spécialiste des Taïnos, qui a collaboré avec le responsable de ce musée, c'était son ami, et il a coécrit quelques ouvrages avec lui. Il est mort il y a 2 ans dans un accident de voiture près de Baracoa.

Vitrine sur Mr Tesseron

Avant de quitter Baracoa, on achète son chocolat et surtout on le mange avant qu'il fonde

Armoni et moi prenons le même bus pour Santiago en début d'après-midi. Pendant le voyage, nous apprenons par sms les ultimes mesures de confinement en Europe, et parmi les Français du bus, c'est la surchauffe ! Tous envisagent d'avancer leur retour.
Inconscience ou sagesse ? Je ne pense pas changer mes plans, tant que je peux récupérer mon vélo à Trinidad et qu'il m'est possible de continuer à voyager à  Cuba. Faut juste espérer que d'ici le 15 avril, la situation sera plus facile.

On arrive à Santiago vers 20h, un dernier resto avec Armoni avant son bus de nuit pour la Havane, puis je rejoins ma casa. Migdalia me présente à sa sœur Carmen qui habite l'étage au-dessous et c'est elle qui va me loger pour la nuit.

Un des plats de mon petit déjeuner à la casa

Le lendemain matin,  je vais organiser la suite de mon voyage : achat d’un billet de bus (départ cet après-midi même) pour Bayamo où je pourrai rester 2 nuits, et d'un autre billet pour être à Trinidad vendredi matin.
J'ai un peu de temps pour voir la Moncada, c'est la fameuse caserne attaquée par Fidel Castro avec un groupe de 130 combattants le 26 juillet 1953. Cette attaque a été un échec, mais constitue le point de départ  de la guérilla qui conduisit à la révolution.

Plaques sur La Moncada

Vue d'ensemble de la Moncada

Aujourd’hui, le grand bâtiment abrite une école,  et un petit musée, contenant principalement des photos, certaines très dures, de la répression qui a suivi, des reliques de combattants...

Tumba Francesa

Cette organisation organise des spectacles de danse de la cour du royaume de France/Ancien Régime (menuets et quadrille ), au son du tambour et en costumes d'époque . Tradition venue d'Haïti

Je mange local pour m'immuniser

 p

Puis déjeuner en moneda nacional sur le pouce, retour à ma casa récupérer mes affaires ainsi qu'une autre adresse de casa à Bayamo, et c'est parti pour un nouveau voyage en bus Viazul.

Dans les rues de Santiago

Welcome to peña Harlem

Il fait très chaud à Santiago, car il y a moins de vent qu'à Baracoa (où on avait eu des averses courtes mais abondantes tous les soirs vers 21h). Je suis toujours assez satisfaite d'avoir abandonné, non, confié mon vélo quelques jours.
Plusieurs fois par jour, on m’asperge les mains d’eau chlorée, je déteste ça et j'ai l'impression que ça me donne un début d'eczéma!
A part ça, tout va bien, et ça fait 3 semaines maintenant que je suis arrivée à Cuba.